Concert de la Maîtrise de Bretagne du 20 novembre 2015 à 19h30
La Maîtrise de Bretagne propose le Requiem de Fauré.
« Un Requiem doux comme moi-même » . Cette sorte certainement pas facilité une juste appréciation de l’œuvre. En effet, un des lieux communs de l’interprétation est d’associer la flexibilité de la phrase Fauréenne à une suavité et à une nonchalance hors de propos. Cette suavité qui détourna définitivement un Francis Poulenc du « Requiem » : il me ferait perdre la foi , et c’est un véritable supplice pour moi que de l’entendre. C’est vraiment une des seules choses que je haïsse en musique. » Or, Fauré n’affiche pas ici une conception esthétique : il parle un langage qui s’épanche naturellement avec la seule horizontalité du plain-chant, tout éloigné qu’il peut l’être d’une grandiloquence romantique ou du pompiérisme de certains de ses contemporains. Et il n’est que d’écouter l’œuvre dans son orchestration d’origine, avec son tissu harmonique assez sombre, pour redécouvrir un « Requiem » plus dépouillé et plus endeuillé que celui auquel on s’est habitué (on s’aperçoit également, non sans surprise, que la durée d’exécution dure plusieurs minutes en moins : « trente, trente cinq minutes au plus » estimait le compositeur lui-même).
« Mon Requiem …on a dit qu’il n’exprimait pas l’effroi de la mort, quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort. Mais c’est ainsi que je sens la mort : comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au-delà, plutôt que comme un passage douloureux. » Fauré se déclarait indifférent au catholicisme , et son « Requiem » qui fait l’économie d’un fracassant « Dies irae » , n’est pas liturgique , mais accompagnement de l’âme vers sa consolation , son éternité ( la brève résurgence de la prose du Dies irae dans le « Libera me » valorise, par antithèse, cette sérénité consolatrice).